Le jeune Marc Pol fut bientôt mis au fait des usages et coutumes de la cour mongole au milieu de laquelle il se vit placé.

« Il apprit si bien la coutume des Tartares et leur langage, leur lettres et leur archerie qu’il fit merveilles. Car sachez qu’il sut en peu de temps plusieurs langages, quatre lettres et leurs écritures. Il était sage et pourvoyant en toute chose, si bien que le Seigneur lui voulait moult grand bien. Quand le Seigneur vit qu’il était si sage, et de si beau et bon portement, il l’envoya comme messager en une terre ou il y avait bien six mois de chemin. Le jeune bachelier fit sa messagerie bien et sagement. Et pour ce qu’il avait vu et su plusieurs fois auparavant, il savait que le Seigneur envoyait ses messagers par diverses parties du monde, et quand ceux-ci retournaient, ils ne savaient dire que ce pourquoi ils étaient allés, si bien qu’il les tenait tous en incapables et ignorants. Il leur disait : « J’aimerais mieux ouïr les nouvelles choses et les manières des diverses contrées, que ce pourquoi tu es allé » (…). Si bien que, en allant et retournant, Marc Pol mit moult attention à entendre et savoir de toutes diverses choses, selon les contrées, de sorte qu’à son retour, il puisse le dire au grand Khaân."